La dame de fer

Concours d'orthographe de Cambrin (6 novembre 2005)

 

Quand je t'ai créée, ô ma nymphe bien-aimée, j'ai accompli un rêve et, toute ma vie, je t'ai voué une admiration incommensurable. Désormais, j'habite le royaume des cieux et, qu'on me croie ou non, près du Très-Haut et de l'oint d'Icelui, tu continues de faire battre mon cœur. Ta silhouette me laisse pantois, ta beauté m'ensorcelle, ton aura tout entière me laisse coi.
Quel heur tu as, toi dont les blandices ne seront jamais ternies par les vicissitudes de l'âge ! Aucune ridule, aucune patte-d'oie, n'abîme ton visage. De quel onguent t'es-tu badigeonnée pour préserver cette peau lisse ? Ah çà ! Tu n'es pas près de le livrer le secret d'alcôve de ton éternelle jouvence !
Que les pépées lippues que le scalpel a loupées te fassent la lippe, tu n'en as cure. Que les quinquas cancanières te reluquent de pied en cap, tu t'en contrebalances.

Scellée sur ton piédestal, tête ceinte d'une couronne, bras tendu et torche au vent, tu ne crânes pas. Tu pourrais pourtant t'enorgueillir d'être à ce point convoitée. Si les mâles affamés te lancent des regards concupiscents, s'ils préméditent quelque oaristys insensée avec toi, qu'y peux-tu ? Quoiqu'il semblât des plus osé de fantasmer sur ton corps pudiquement drapé, ils n'en raffolent pas moins d'une femme comme toi, ces zozos-là !
Quel blanc-bec, en effet, ne s'est pas imaginé être ton accordé ? Quel lovelace n'a pas envisagé de te conduire au saint autel pour devenir ton gent mari ?
Car, à l'opposite absolu de tes consoeurs de chair, tu ne papotes pas, tu ne boulottes pas et l'on ne te cadeaute pas.

Alors, s'il subsiste quelques sots-nés pour préférer une caillette replète à ma houri figée, il suffira de l'ajoute qui suit pour les en dissuader et pour qu'ils prennent cette poule en grippe, même si elle ne fait pas cot cot : « Messieurs, ne vous enquiquinez pas avec les bobos de bobonne. Restez à des années-lumière de l'agalaxie (agalactie), à des parsecs de la dyspareunie et des lochies, à des milles de la dystocie dont l'accouchée se relève. »
Sans vouloir provoquer l'asystole des cloches susnommées par mes propos trash et shocking, je ne leur épargnerai pas les ragnagnas torrentiels de Madame qui, à moins que l'aménorrhée ne s'en mêle, l'exhaussent au rang d'une belle fée gore. Et Dieu créa l'infâme ...

Moi, Bartholdi, je vous le dis : « Mieux vaut une statue qui ne pipe mot, qu'une péronnelle qui chigne à tout propos ! »

 

 

Test destiné à départager les éventuels ex aequo :

Après avoir briffé des dés zirables de cheddar, des cheeseburgers et des cheese-cakes périmés dans une gargote new-yorkaise, quatre sang-mêlé fauchées et deux yuppies zélées furent prises de douleurs alvines et de maux stomacaux. Ces mets prisés eurent incontinent l'effet d'un émétique. Les morfales régurgitèrent une bouillie grumeleuse - chyme mal assimilé - pestilentielle. Nulle chlorpromazine n'eût pu empêcher de dégueulis-là. Bon appétit !


© Rodolphe BRIVAL 2005
(Dico d'argent 1999 et 2002, Dico de bronze 2005)