La Kermesse... érotique de Michel Weil

1er avril 1999. Le canular de Michel Weil

 

Le premier avril 1999, la plupart des apétistes trouvèrent dans leur boîte aux lettres un texte d'entraînement particulièrement torride non signé.


Qui donc avait bien pu le rédiger d'autant plus que l'auteur ne pouvait pas être n'importe qui, ce texte étant d'une excellente qualité orthographique ? Les commentaires allaient bon train. Quelques-uns furent légèrement vexés - ô le bel euphémisme ! - d'autres surpris, certains enchantés...
La mise en scène arrangée sournoisement par l'auteur était malicieusement programmée pour qu'il ne soit pas de suite soupçonné mais que d'autres, au contraire, soient suspectés d'avoir rédigé cette prétendue dictée.


L'auteur ne se dévoila pas pendant plusieurs semaines et jubilait intérieurement en entendant les divers commentaires glanés par-ci par-là lors d'un concours.


Tout semblait désigner Julien Dorsimont comme auteur de cette missive. Mais surtout, tout avait été manigancé pour accuser le tandem Leleu-Sanspoux (un sale individu récidiviste... sic Art. Jac.) déjà coupable en 1998 d'un crime de lèse-Trépant, lequel fut d'ailleurs le seul à soupçonner le vrai coupable.
Les réactions furent diverses. Pendant trois mois, et sous le couvert de l'anonymat, Michel Weil (puisqu'il s'agit de lui !!!) eut le plaisir de participer aux conversations mettant en cause tel ou telle apétiste.
Si Jules Manise s'en tenait à Julien Dorsimont, ce dernier penchait pour Patrick Leleu, alors que Philippe Sanspoux jurait ses grands dieux n'y être pour rien. Les soupçons se portèrent également sur la gent féminine, notre chère Marie-Christine Ketelsleggers nous ayant déjà par le passé servi quelques passages des plus explicites. Même ce cher Cléante fut mis en cause par certains.


Si certaines dames se sentaient choquées, Michèle Balembois par contre, à qui Bruno Dewaele avait fini par envoyer le texte après deux mois d'hésitation, l'apprécia beaucoup, avouant même avoir appris deux mots (cyprine et épectase). Mais le plus beau compliment vint de Régis Es qui qualifia le texte digne du Marquis de Sade.


Cependant, il fallait bien un jour que le véritable auteur se dévoilât, ce qui fut fait après la dictée de Marchin. Là aussi, le moment d'étonnement passé, les réactions furent multiples. René Trépant, craignant vivement pour la vie de Michel Weil, lui demanda s'il était sûr de vouloir s'identifier.


Confirmant ses craintes, une mise à prix de sa tête circula parmi les apétistes et même jusqu'à la rédaction de « Télé-Moustique » où Michel passait de temps en temps pour ses corrections. Une vengeance de Philippe Sanspoux qui avait été soupçonné pour cet « odieux » poisson d'avril.

 

Quoi qu'il en soit, cette péripétie épistolaire et cette petite blague en réjouirent plus d'un, ravi d'ajouter à sa collection un texte de plus à étudier. La preuve, en tout cas, que l'APT n'est pas seulement un groupe de « grosses têtes » qui se réunissent pour bûcher sur des mots rares voire inconnus, mais savent aussi, le cas échéant, se distraire de façon surprenante et bien agréable.

 

 

La kermesse... érotique.

(revue et améliorée un an plus tard)

Merci à Francine pour la relecture.

 

Ils s'étaient rencontrés dans un club de vacances, sur un îlot méditerranéen, plus précisément situé en mer Tyrrhénienne. Elle, sculpturale Islandaise venue de Reykjavík, était l'incarnation même de son pays : un volcan enfoui sous un glacier. Lui, Caennais aux yeux de braise et au corps hâlé et bodybuildé, y travaillait en qualité de maître nageur.
Dès leur première rencontre, elle l'avait subjugué par sa plastique irréprochable. Telle une gracieuse sylphide, elle voletait autour de la piscine ; telle une hamadryade, elle s'effeuillait sans fausse pudeur, dévoilant sans vergogne ses rotoplots canon ; telle une naïade venue du froid, elle celait habilement l'abyssal guyot sommeillant en elle. Callipyge à souhait, elle exhibait volontiers son appétissant popotin que nul pannicule ne déparait.
Béats d'admiration, les mâles vacanciers la contemplaient tels des kouroi ithyphalliques, exprimant haut et clair le trouble dans lequel elle les avait plongés. Mais elle, indolemment, n'avait d'yeux que pour l'adonis bas-normand. Et le soir même, à la discothèque, ils s'étaient obligeamment souri, abordés, parlé, appréciés, plu et même embrassés. C'était de bon augure !
S'étaient ensuite succédé une lambada effrénée, un tango langoureux, des bossas-novas cool, des sambas speeds, des calypsos balancés, deux one-steps syncopés et enfin plusieurs slows au cours desquels il s'était jeté à l'eau : après quelques baisers de plus en plus appuyés, il avait discrètement commencé à peloter ses lolos maous, recevant en retour non pas la classique giroflée à cinq feuilles, mais plus avantageusement une délicieuse invitation susurrée dans le creux de l'oreille : « Rejoins-moi dans une demi-heure, chambre soixante-neuf... »
Nous étions tout au début des années quatre-vingt et le spectre du sida n'avait pas encore étouffé l'amour charnel dans un emballage caoutchouteux (ô temps béni des dieux !). C'est donc sans le moindre scrupule qu'il se présenta quelque trente minutes plus tard devant la porte arborant les deux chiffres prometteurs de torrides tête-à-queue.
Il ne fut pas déçu... Elle avait enfilé une nuisette de soie bleu Nattier - à moins que ce ne fût bleu de haüyne - et défait son chignon : ses longs cheveux auburn dévalaient sur la cambrure de ses reins, ses seins piriformes pointaient fièrement au travers de l'étoffe sensuelle, elle était toute à lui offerte... Ils se déshabillèrent fougueusement et s'allongèrent sur le jeté de lit, lui en deçà d'elle. Après qu'elle eut embrassé et pourléché son torse glabre d'éphèbe, s'attardant sur ses aréoles et autour de la région ombilicale, elle poursuivit sa quête vers le bas et se retrouva nez à... nœud avec sa virilité exacerbée dont elle ne fit qu'une bouchée...
Pendant qu'elle enceignait de sa lippe pulpeuse son vit tumescent - divine fellation ! -, elle malaxait ses testicules boursouflés entre ses appas ballottants et affriolants. Alors que sa langue experte titillait avec volupté son gland rubescent, elle l'interrogea dans son français quelque peu fruste mais si excitant : « Ton méat coule pas ? » Lui, qui se retenait à grand-pine, pardon ! - lapsus linguae - à grand-peine, lâcha enfin la coulée. Et c'est goulûment qu'elle dégusta sa semence - du vingt ans d'âge assurément - qui giclait en longs jets brûlants.
Ne voulant pas demeurer en reste, il lui rendit aussitôt la politesse et lui écarta délicatement les fesses. Ancien maître queux, il avait gardé un bon coup de langue et c'est par-devers qu'il entama l'exploration de son mont de Vénus, effleurant d'abord, puis suçotant son clitoris turgescent. Tout émoustillée par son cunnilingus expert, elle geignit de plaisir et, conséquemment, ses grandes lèvres s'humectèrent de cyprine dégoulinante. Il explora également sa rosette en profondeur jusqu'à la limite de ses muscles rectaux ; Verseau, elle adora cette sodomie linguale ex abrupto.
Après ces amuse-bouches - la mise en branle, si j'ose m'exprimer ainsi -, ils passèrent aux choses sérieuses. Comme il s'était quelque peu imprudemment vanté en termes machos de ses performances orgastiques, elle le soumit à un véritable schibboleth libidinal, enchaînant jusqu'à l'aurore les positions les plus époustouflantes du Kama-sutra. Quelle fabuleuse oaristys ! Quoique en nage, frôlant quelquefois l'épectase - male heure de rêve - , il fut cependant à la hauteur et tint surtout la longueur.
Au petit matin, essoufflés, assouvis, exquisément exténués, ils s'endormirent enfin, pénil contre pénis, récupérant leurs forces après ce marathon libertin. Elle, tout heureuse plutôt que toute honteuse, pouvait s'enorgueillir d'avoir honoré ses totem et qualificatif scouts : souslik - que l'on appelle également spermophile ! - assoiffé. Quant à lui, il se présenta bien évidemment in extremis à son poste, et fut néanmoins muté sur-le-champ... à la plonge.

 

Michel Weil
1er avril 2000