NIVEAU 3 (Classes de 5e et 6e) - 1997

- N°1 : Un sac de jute en bandoulière, de lourds brodequins aux pieds, la visière violine de sa casquette légèrement retroussée, Philippe montait au milieu des herbes et des broussailles. Il glissait quelquefois sur l'un ou l'autre pan de schiste, une racine, un affouillement, qui le contraignaient à effectuer un léger crochet.

 

- N°2 : J'étais éblouie par le feu d'artifice. Ces lueurs vacillantes qui, un instant, laissaient voir comme en plein jour de gros nuages ronds, ces comètes qui passaient comme de grands oiseaux lumineux, ces chutes d'étoiles, le grésillement des grandes pièces, leurs gerbes d'étincelles, les soleils tournants, toute cette fantasmagorie éclatante séduisit et conquit mon cœur de petite paysanne. (d'après J. GUEHENNO)

 

- N°3 : Quelque craintives qu'elles soient, les perdrix ne s'effraient (= s'effrayent) pas de tout. Les avez-vous vues picorer dans un champ ? Soudain arrive à toute vapeur, soufflant et fendant l'air, une locomotive avec ses lourds wagons bondissant sur les rails. Le monstre déploie sur la campagne le nuage tourbillonnant de sa fumée ; tout tremble, tout retentit dans les échos. Or les perdrix, à quelque dix mètres, lèvent la tête sans effroi et tout au plus trottinent à quelques pas au-delà sur leurs petites jambes.

 

- N°4 : Pourquoi n'envisagerais-tu pas de séjourner dans une de ces petites gares fleuries qui subsistent encore dans l'un ou l'autre village ardennais ? Ce seraient assurément des vacances insolites ! Imagine que tu sois le chef de gare, en bel uniforme de drap bleu, qui, portant à ses lèvres un lourd sifflet chromé, gonflant ses joues au maximum, donnerait le signal du départ au train quotidien. Celui-ci, en haletant un peu, soufflerait dans le ciel grisâtre sa grosse haleine de fumée bleue et démarrerait dans un sympathique bruit de ferraille.

 

- N°5 : Notre médecin de famille n'appartient certes pas aux habituels toubibs desquels on attend généralement un avis éclairé. Quand vous l'appelez à domicile, il débarque dans un véhicule tellement vétuste qu'on hésite à le toucher de peur qu'il se déglingue aussitôt. L'auscultation du patient terminée, le docteur X. profère, d'une voix de stentor, un diagnostic infaillible contre lequel aucune objection ne pourrait être admise. Sa compétence n'a d'égale que sa sollicitude désintéressée.

 

- Quarts de finale : Certains ouvriers mineurs tenaient clairement la liste de leur personnel, d'après un système à eux. Ils avaient un calepin tout comme les porions sachant écrire, mais le lettré qui l'aurait ouvert serait resté stupéfait devant les signes cabalistiques qui y figuraient à chaque page. J'ai connu un de ces porions. On lui avait affublé le sobriquet de « lancier » parce qu'il avait servi au régiment des lanciers. Il avait sous ses ordres un personnel de quarante à cinquante personnes et jamais il ne faisait la moindre erreur dans ses comptes. (Achille DELATTRE, Histoires de nos corons).

 

- Demi-finale : Pierre le Grand fut certes un des souverains les plus remarquables qu'il y ait eu en Russie. Jeune encore, il s'aperçut qu'il ne pouvait s'accommoder de l'éducation qu'il avait reçue et il rêva de tirer son pays du chaos de la barbarie. Son naturel lui fit tout de suite aimer les étrangers avant qu'il sût quel profit il recueillerait des enseignements qu'ils lui auraient donnés. Ses qualités natives, qu'une éducation barbare n'avait pas étouffées, se développèrent presque subitement. Il résolut d'être homme, de commander à des hommes et de créer, quelle que fût la difficulté de l'entreprise, une nation nouvelle. (d'après Voltaire)

 

- Finale : L'expression figurée « être comme un poisson dans l'eau » s'est fréquemment vue confirmée par les promeneurs qui, au cours d'après-midi ensoleillé(e)s, scrutent les étangs et, y admirant les poissons, les y ont vus évoluer en pleine euphorie. Tout étrange que paraisse l'affirmation, il en existe pourtant une race qui affectionne l'existence hors de l'eau. Le spécimen en question a d'ailleurs les yeux mobiles en tous sens, qui saillent sur le dessus de la tête. Cet animal tropical se plaît sur les racines des palétuviers bordant les côtes marines ou dans toute autre retraite constamment rafraîchie par l'humidité du sol.