Un voyage mouvementé en terre hellène

Concours d'orthographe de Braine-l'Alleud du 19 juin 2004

 

Un voyage mouvementé en terre hellène

 

Le peu d'économies que Frédérique et Marcel avaient réunies leur avaient suffi à réaliser un rêve obsessionnel : visiter la Grèce en car. Ils confièrent donc les trois chattes angoras à leur unique petite-fille et ils plièrent bagage.

Plus tard, ils se retrouvèrent sur les routes grecques. Bientôt, des monstres rocheux, les Météores, se profilèrent à l'horizon, coiffés des célèbres monastères dans lesquels la tenue "anti-péché(s)" était de rigueur. Frédérique et ses amies se virent obligées d'enfiler une jupe en bure marronnasse. Les hommes en short et en marcel furent déclarés persona non grata. Filmant des iconostases en contre-plongée, Marcel fut surpris par deux moniales qui tentèrent de lui happer sa vidéocassette.

Au défilé des Thermopyles, notre guide narra la fameuse bataille où Léonidas, à la tête de trois cents hoplites, fut chocolat contre les Perses. Quelques-uns d'entre nous en restèrent babas.

À Delphes, nos voyageurs firent mine de consulter la pythie (Pythie) et philosophèrent sur le gnôthi seauton, immortel apophtegme de Socrate. Au cœur du temple, certains crurent entendre quelque Homère révéler où repose l'écheveau de Pénélope aux doigts couverts du suint des laines. Dans le musée, des corés (korês ou corês) aux couros (kouros) musclés, de l'aurige (Aurige) à quelque hermès, passaient les regards admiratifs.

Ils investirent enfin l'Acropole : acmé incontesté(e) du voyage, avec ses propylées (Propylées) si connus et ses caryatides (cariatides) renommées.

Une bonne moitié des participants se perdirent dans Athènes. Des allogènes, en vrais honnêtes gens mal informés, leur avaient indiqué de fausses routes. De retour auprès de leurs compatriotes, les égarés harassés s'aperçurent de l'embarras du guide et subirent de quelques voisins les foudres les plus osées. Le soir, dans un grill, des airs populaires joués à la cithare et au(x) bouzouki(s) (buzuki(s)) apaisèrent les humeurs. Il faut dire qu'à table, l'ouzo, et surtout le résiné - népenthès local - flattait les palais.

En ont-ils parcouru nos pèlerins des hauts lieux païens et orthodoxes ! Dans les premiers, ils admirèrent des sarcophages sculptés de bacchantes et des sphinges ailées ; dans les seconds, parfois remplis de voix et de prières (hendiadyin voulu par l'auteur), des porches ornés d'oculi tréflés et au sommet des absidioles, des guirlandes de gâbles (gables) fleuronnés.

Enfin, au milieu d'un des plus beaux stades que l'Antiquité ait connu(s), à Olympie, les athlètes du groupe s'imaginèrent être de ceux qui recevaient vivats et tollés lors de cruels pancraces incluant des pugilats avec des cestes garnis de plomb.

Mais il était temps de rentrer au pays. En vrais papy (papi) et mamy (mamie, mummy) gâteau, Marcel et Frédérique rapportèrent une espèce de chlamyde tout ornée de grecques brodées à celle qui avait si bien gardé leurs félidés chéris.

Les jeux Olympiques (Jeux olympiques) approchaient. Devant leur(s) téléviseur(s), les sportifs en pantoufles allaient encourager notre superstar nationale : « Vas-y Justine, éblouis-nous de tes aces et fais fi des balles net, amène-nous l'or au pays ! »

 

Jean Noël