Clin d'œil

 

 

Ben ouais, on n’avait onc (onques, oncques) recouru aux flash-back, et pourquoi lesdites techniques eussent-elles dû rester l’apanage du 7e art ? Plus d’un apétiste chevronné, plus d’un nouveau venu dans ce cénacle éminemment fréquenté l’auraient certes parié, la dictée - dixième art ? - y recourrait ex cathedra presque inévitablement.

 

Mais que chacun se rassérène, loin de nous, tant s’en faut, de vous ramener sur les chemins minés de Champagne-Ardenne, à Ay, plus précisément pour y déguster des extra-dry. De telles allusions firent zire voici bientôt un an. Quoique… avoir déclenché une tempête dans un verre de…champagne ne manqua pas de pétillant en ce temps de grâce là pour le scribouillard de service !

 

Les moyen-courriers qu’avaient frétés les tour-opérateurs pour le rapatriement des éclopés des sports d’hiver tentaient cahin-caha de slalomer sur l’asphalte à demi verglacé de l’aéroport marseillais. À bord de l’un de ces turboréacteurs, René se lamente. Plus question de céder à la graphorrhée qui le dévore. Et pour cause, figé sur sa civière, telle (tel) la momie de Toutankhamon, notre fervent coreligionnaire, tout ceint de gaze, rumine…

 

L’acromion fracturé, il s’écoulera long temps avant de retrouver l’usage tant des stylomines que celui des stylos-feutres. Pas davantage question de prendre appui sur le marchepied pour se hisser à bord des trains corail - et y voyager avec de paillards deuxième classe - pour atteindre le concours de Mouscron qui devait l’opposer aux cracks d’outre-Quiévrain. En effet, l’astragale éclaté imposera une longue immobilisation. Les ligaments du genou, arrachés, quand guériront-ils ? C’est-y pas malheureux tout ça ?

 

Maigre consolation toutefois : aucuns frais ne devraient être réclamés, l’assurance rapatriement couvrant ce risque et prenant en charge le retour de la voiture.

 

Pour la ixième fois, René se passe le film de la quinzaine écoulée.

 

L’effervescence du départ. Entasser sweat(s)-shirts et t-shirts (tee-shirts) dans le sac de sport ; caser les après-skis ; ne pas omettre non plus gants fourrés, chapka lustré et tout le saint-frusquin.

 

À l’issue d’un voyage sans encombre, l’arrivée dans la station gapençaise - car cette année, il a décidé de bouder le massif du Mont-Blanc - dans une forme bien affûtée (durant deux mois, la pratique bihebdomadaire du medicine-ball et du home-trainer lui ont donné des muscles d’acier, une souplesse de félin). Stakning et stawug, pratiqués les tout premiers jours, l’ont amené au top niveau. Enfin prêt pour le ski alpin et ses grisantes pistes noires !

 

Brrr, pas très chaud dans les trois mille et quelques. Mais qu’à cela ne tienne, les stems et christianias s’étaient succédé, les super-g avaient alterné avec les descentes tout schuss. René s’était même hasardé à des half-pipe démentiels. Le rêve, quoi.

 

Et que dire, lors de ces chaudes soirées dans les night-clubs du coin, de l’oaristys tôt nouée avec une splendide Gavote, délicieusement hâlée, championne de snowboard, de surcroît ?

 

Bref, tout avait baigné jusqu’à ce funeste face-à-face – ou plutôt corps à corps – avec un malencontreux conifère lors d’un hors-piste effréné en compagnie de sa récente conquête…

 

L’appareil prend de l’altitude, cap sur Zaventem. René ferma les yeux.

 

Test 

Expert en numismatique africaine, René avait littéralement médusé la clientèle de l’hôtel, un soir, jonglant avec le birr éthiopien, le riyal qatari, le rial iranien, le dinar de Bahreïn, le cedi ghanéen, l’ouguiya mauritanien et le naira nigérian.

 

Jean-Marie Baily 2003
Champion de Belgique 2000
Grand champion Québec 2000